SUR LE PASSAGE DU SAINT De Dominique Leydier par Françoise Sémenkoff |
Sur le petit chemin Bordé de romarin De lavandes odorantes Et d'autres fleurs charmantes. Tout est calme ce soir. Comme des balançoires, Les branches sous le vent Ondulent doucement. D'un vieux pin parasol, Monte, touchant et gai, Le chant du rossignol. Le doux soleil de Mai Rougeoie à l'horizon Et dans chaque maison Les rudes paysans Reviennent de leurs champs. ** Pourtant, dans ce calme décor Une note n'est pas en accord C'est une profonde rumeur Faite de cris et de clameurs Et qui, inexorablement Le long du chemin serpentant Monte au rythme des chansons Et du lourd pas des canassons Et le rossignol très inquiet s'est tu. Les chênes agitent leurs feuilles pointues Et pour se cacher aux yeux de chacun Toutes les fleurs retiennent leur parfum. ** «Rassurez-vous, nul danger ne vous guette, Ce sont les Montiliens qui payent leur dette Envers un Saint ermite nommé Gens Que leurs aïeux chassèrent sur ce chemin ». Le grand cortège sorti du Moyen-Âge Apparaît enfin au bout du virage. ** Quatre jeunes garçons se relaient pour porter Deux à deux un brancard sur lequel est posé Le grand Saint qui avec un regard d'un autre âge Reconnaît le chemin qui mène à l'ermitage. En le voyant passer, toutes les fleurs qu'il aimait Dans le soir clair et doux se mettent à embaumer Et les chênes Kermès afin de l'honorer Baissent leurs fines branches vers le brancard doré. ** On entend retentir le chant du rossignol. Tout là-bas dans le vieux et grand pin parasol, A l'Ouest, à l’horizon, un instant le soleil A suspendu sa course au firmament vermeil Pour pouvoir éclairer quelques instants encore Les dévots avançant dans la poussière d'or... Accompagnant le Saint, parfois les pèlerins Se mettent à crier: «VIVO LOU GRAND SANT GÈNT! » *** |